Cienfuegos, une ville étape. Comme depuis quelques mois maintenant nous alternons deux ou trois jours en immersion suivis de quelques jours plus tranquilles. Cela nous permet de recharger les batteries, de ne pas s’épuiser pour la suite.

Nous passons par Cienfuegos car le trajet depuis Vinales n’est pas possible, il nécessite une correspondance trop juste niveau timing pour rejoindre Playa Giron. Cienfuegos n’a pas grand intérêt. Quelques efforts pour rénover les bâtiments principaux, une rue touristique et des restaurants vitrines. Le reste ressemble à une zone industrielle. Depuis le début de notre voyage nous dînons souvent seuls dans les restaurants. Une quinzaine de table dressées n’attendent que notre arrivée. Ce n’est pas très rassurant, peut-être ce restaurant n’est-il pas bon ? Les quelques touristes présents dans la ville sont réunis aux adresses conseillées par le Routard ou le Lonely Planet. Souvent plus chers et pas forcément meilleures.

 


De nombreux chiens abandonnés dans les rues

 


Une belle rencontre


Le lendemain nous partons pour la plage des Caraïbes, Playa Giron, un court trajet en bus qui nous dépose dans la seule rue du village. Toujours en évitant nos groupies à la sortie du bus nous rejoignons la Casa pour les 3 prochaines nuits. Nous rencontrons Reyna, petite femme de 50 ans, vivant seule dans sa toute petite demeure. 

Après les quelques jours à Vinales nous avons beaucoup cogité sur notre vision du voyage. Nous souhaitons en apprendre plus sur les populations que nous croisons, ne pas voyager comme de simples vacances de 2 semaines. Nous désirons prendre du temps.

Reyna nous confirmera notre transition par le meilleur exemple. La cubaine, née dans ce village n’a connu pratiquement que sa demeure. Elle nous parle d’un espagnol le plus scolaire possible n’hésitant pas à trouver des objets pour faciliter la compréhension de ses mimes. Nous y apprendrons énormément. De son métier d’infirmière (tiens tiens) pendant 20 ans, à son divorce lié à l’alcool, de famille, de santé, ses hobbies. Reyna sera mamie dans quelques mois. Nous présentons quelques photos de nos neveux et nièce pour tisser encore des liens. Visiblement affectée par le visage de ses bébés qu’elle imagine être son petit fils, nous continuons nos échanges.

Laura s’installe sur la terrasse pour coudre les derniers drapeaux sur nos sacs à dos, sorte de trophées rapportés de chaque pays traversé. Coïncidence, Reyna est une couturière passionnée ! Elle défilera ses plus belles coutures, vêtements pour enfants d’une précision chirurgicale puis enseignera à Laura la confection d’une rose de tissu. Nous prendrons tous nos repas du soir dans la Casa. Ses quelques problèmes de santé nécessitent une aide pour cuisiner. C’est son frère, robuste Cubain parlant quelques mots de français qui part au fourneau. Il nous fera déguster des mollusques cuisinés dans une sauce locale, des crevettes ou encore du porc mijoté. Toujours d’une quantité à en faire baver un backpacker low cost ! Le dernier soir, nous souhaitons poser des questions plus délicates, le type d’interrogations qui permet de comprendre les différences de culture. Nous nous efforcerons de poser ces mêmes questions à différentes personnes tout au long de notre tour du monde.



Si tu avais 1 000 0000 de dollars, que ferais-tu ? Pour toi, que signifie « liberté » ? 



La première réponse fut à l’image de sa générosité : « Je terminerai la construction de ma maison (en travaux depuis 16 ans, détruite par l’ouragan de 2001. Les rationnements empêchent l’approvisionnement en matériaux de construction) puis j’en donnerai à ma famille, et dans les associations pour aider les gens. »

La deuxième question nous intrigue, tant les libertés sont réduites ici. Pourtant sa réponse sera similaire à celle des personnes rencontrées à La Havane.

« Pour moi la liberté, c’est la sécurité, pouvoir sortir le soir sans avoir peur »

Là où tout bon français répondrait : « la liberté c’est de faire ce que je veux quand je veux ». On en vient à se poser une autre question: « N’y a t-il pas une forme de censure sur la sécurité locale additionnée d’une exagération sur les menaces extérieures? » Nous le comprenons un peu comme ça : Cuba c’est sécurisé, ne quittez pas le pays car dehors c’est l’enfer. Comme nous l’avait dit le couple de Viñales pendant la fête du village, les cubains n’ont pas le droit de parler aux touristes, des policiers sont là pour séparer les liaisons qui pourraient paraître trop sérieuses, risque de prison si désobéissance ! Une allégorie de la caverne où le seul échappatoire dépend d’une décision politique.

Au revoir Reyna !

Farniente aux Caraïbes


Outre toutes ces réflexions, Playa Giron est un endroit calme et reposant. La côte des caraïbes est grandiose, l’eau est chaude, peu de vagues ce qui est propice à l’observation sous-marine. Il fait proche des 30 degrés, quelques palmiers pour apporter de l’ombre, les coquillages sont remplacés par des coraux, dix personnes dans l’eau, une centaine de libellules dans l’air et deux vieilles voitures garées dans le sable.

Pour rejoindre la plage à 500m, nous ferons notre premier stop calèche avec un local venant approvisionner le bar en glaçons. Armés de nos lunettes de piscine nous plongeons observer la barrière de corail visible à seulement quelques brasses de la plage. Oursins de 50cm, poissons jaunes, oranges, bleus. Encore une « première fois » pendant ce voyage. Emerveillés, nous décidons de louer, masque, tuba, palmes pour mieux profiter de cette séance de snorkeling.



Nous passerons 2 jours à contempler la mer, à déguster nos premières Coco Loco, la noix est ouverte sous nos yeux, on y rajoute du rhum, du sucre et une paille. Santé ! Laura se verra offrir un petit colibri en origami de feuille de bananier qu’elle arborera fièrement au volant de l’Oldsmobile équipée d’un moteur Peugeot. 

Pour admirer le coucher de soleil nous regagnerons le gîte en longeant un quai à moitié détruit. Ce qui nous oblige à sauter par dessus les passerelles manquantes et à escalader le ciment poli par les vagues en contrebas. Dernier coucher de soleil avant de rejoindre Trinidad, notre dernière étape.


Trinidad, du stop tracteur


Trinidad est une ville historique de Cuba, un passage obligé pour visiter le pays. Il y a le vieux quartier, entièrement rénové où se trouvent les Casas et le reste de la ville, délabré ou vivent plutôt les locaux. Nous visiterons les deux coins pour mesurer l’ambiance.

Nous avons trouvé une astuce pour ne plus payer certaines entrées (oh c’est vilain). Il suffit simplement de rentrer en même temps qu’un groupe de 15 touristes géré par un tour opérateur. Et hop, National Museum of the Struggle Against Bandits gratuit ! Avec une superbe vue sur la ville. En redescendant, un groupe de musique pousse la chansonnette et propose à François de rythmer avec des claves. Niveau sex-appeal on est loin du piano mais c’est authentique.

Le lendemain nous errons dans les chemins populaires jusqu’à complètement sortir de la ville. Nous suivons parfois les empreintes de chevaux laissées par les excursions touristiques. Quand les distances sont trop longues nous grimpons dans un tracteur russe de 1960, au milieu des briques et des tôles. En échange de la course, François aidera à décharger la cargaison. Les quelques Cubains croisés ont l’air étonné de voir deux occidentaux à l’arrière d’un véhicule agricole. D’ailleurs le propriétaire des briques nous gratifiera d’un : « Es un buen turista! Otros turistas no se detienen a ayudar. » Yes ! Nous avons réussi à nous décoller l’image du porte-feuille ambulant.


Après 20 min d’engin, secoués dans tous les sens nous descendons pour continuer à pieds. 30 minutes de marche s’en suivent pour se retrouver devant un petit portail ou 3 cubains nous interpellent. On nous informe que l’entrée est uniquement accessible avec un guide et un cheval. Effectivement nous avons fait du stop-tracteur.. peu de gens s’aventurent à pieds jusqu’ici. Nous tentons de faire comprendre que nous sommes venus à pieds et que nous n’avons pas d’argent. L’homme semble fermé puis nous montre la liste des touristes actuellement dans le parc, Italia, France, Germany.. Il nous demande 10 CUC / personne pour continuer. Nous refusons, hors de question de payer ce prix là, nous souhaitons respecter le budget ! Au bout de quelques minutes le cubain se rapproche et chuchote. « Bon ok, 5 CUC pour tous les deux mais vous ne parlez pas du prix aux autres guides. » Nous acceptons et suivons un jeune homme qui nous amènera jusqu’à la cascade où de nombreuses personnes barbotent. Nous passons près de locaux faisant des démonstrations de café, nous tentons de rester discrets. Un petit expresso local moulu à la main et nous repartons à pied cette fois-ci jusqu’à notre hôtel. 10km en plein soleil, cherchant la moindre branche qui pourrait nous accorder une pause à l’ombre.

Cette dernière journée sera particulièrement fatigante, après une bonne douche à la Casa/Hôtel nous nous accordons un super restaurant (pas cher, il ne faut pas abuser) avec musique live et cocktail. Avant de repartir à La Havane pour une dernière soirée. Nous retournerons au restaurant de notre première soirée pour finir le voyage comme nous l’avions commencé. Nous y rencontrons Agathe et Max un couple de Français fraichement débarqués sur l’île du Che. Avec 8 CUC en poche à dépenser avant de repartir, nous partageons un ultime tour en voiture après une courte négociation auprès des conducteurs. Une façon de dire au revoir à Cuba, de nuit, cheveux au vent avant de mettre le cap vers San Jose au Costa Rica !

On a aimé :
L’hospitalité de Reyna à Playa Giron
Déguster des Coco Loco sur la plage
Faire du stop charrette et tracteur
Découvrir le snorkeling
Réussir à se débrouiller seuls, sans guide
En apprendre davantage sur les cubains

On a moins aimé :
L’image du touriste plein d’argent
La qualité des services (hôtel, restaurant, activités, transports) pas toujours au top 


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One Reply to “Chaleureuse côte Caraïbe”

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