Bienvenue au Chili


Nous continuons de descendre l’Amérique du Sud en passant par le Chili. Pour cela nous réservons un bus d’Arequipa à Tacna. Le trajet traverse une bonne partie de l’altiplano andin, des déserts sublimes à perte de vue agrémentés par de petites tornades de sables. Arrivés à Tacna nous traversons la rue pour rejoindre le terminal international. C’est à cet endroit que nous prenons un taxi collectif pour passer la frontière et aller dans notre première ville chilienne, Arica. La frontière terrestre se passe très bien, le chauffeur nous explique les formalités. Cela surprend un peu de donner son passeport à un chauffeur de taxi, mais nous faisons confiance et tout se déroule bien ! Le 6ème pays s’ouvre devant nous. 1500km à parcourir en 3 semaines pour rejoindre la capitale Santiago, le 7 février afin de rejoindre la Nouvelle-Zélande.

 


Arica


Cette ville n’a pas grand intérêt, mais c’est un stop apprécié après les 10h de trajet. Petite ville désertique bordée par l’Océan Pacifique. Une odeur iodée oubliée depuis près d’un mois, que l’on retrouve en même temps que les rayons du soleil. Nous passerons la nuit chez Hugo, dans son modeste appartement Airbnb. La première impression flagrante est la civilité des autochtones. A peine 5km après la frontière, plus un klaxon, plus de racolage et les voitures s’arrêtent aux passages piétons. Que ça fait du bien après les incivilités du Pérou ! Nous partons le lendemain pour Iquique, où le Pape François sera en même temps que nous.


Iquique


Soucieux de notre budget et d’après les conseils de nombreux voyageurs, nous tentons le stop. Apparemment c’est facile ici au Chili. Après nos succès au Costa Rica, nous sommes bien décidés à rejoindre Iquique 4h de route avec la force de notre pouce et notre grand sourire. 
Mais après 1h sans aucune voiture ni même un regard, Laura tente une approche directe dans les stations services. Quelques échanges permettent de comprendre que les conducteurs ont peur de prendre des passagers qui transporteraient de la drogue. Il y a encore des contrôles de douane le long de la route. En effet, n’importe quelle ville proche des frontières est souvent propice au trafic. Nous comprenons alors qu’il sera impossible de continuer en stop. Par chance, un bus en direction d’Iquique arrive à ce moment là avec deux places, nous sautons alors sur l’occasion.

L’arrivée dans la ville se fait par les hauteurs, de grandes dunes de roches surplombant la ville. L’océan à perte de vue, quelques grands hôtels le long de la côte et plusieurs résidences pavillonnaires. L’événement religieux dont est témoin la ville ne nous permet pas de choisir un hôtel. Notre choix se portera donc sur une petite maison d’hôtes familiale dans un quartier résidentiel.

9h du matin, nous partons vers les anciennes mines d’Humberstone à 45min de taxi collectif. Conseillé par des voyageurs énergievabagondes, cet ancien village datant de 1920 était autrefois un centre très important de la région. Il exploitait les ressources de salpêtre. La visite dure presque 4h. Nous nous baladons à travers le village comme si rien n’avait été touché depuis 1950, date à laquelle le village a été abandonné. Des vitres cassées au sol, des épaves de voitures encastrées dans le sable, la tôle rouillée servant de toit grince au gré du vent désertique. Nous pourrions être dans un décor Hollywoodien digne d’un grand film du Far West. Quelques bâtiments aménagés avec le mobilier d’époque servent à se projeter dans ce qu’à pu être ce village autrefois. L’église, l’école primaire, le théâtre nous laissent imaginer l’essor de la cité. Nous apprécions l’authenticité du lieu, même si certains bâtiments ne sont pas loin de l’effondrement. L’insécurité due à certaines pièces et la rouille omniprésente peut être un problème avec des enfants en bas âge.

 

De retour à Iquique nous flânons dans les rues à la recherche de l’âme de la ville. Les longs chemins piétons sinusoïdales face à la plage laissent deviner une inspiration américaine. Les gens qui font du roller en maillot de bain, le skatepark à la façon Venice Beach, tout est fait pour ressembler à son grand voisin américain. 
Pas plus inspirés que ça par la ville, nous rentrons assez tôt dans notre Airbnb et en profitons pour nous reposer.


En direction de San Pedro de Atacama


Nous ne souhaitons pas rester sur un échec. Nous retenons le stop pour la prochaine destination. A Iquique, nous tendons alors le pouce en espérant arriver à San Pedro de Atacama tout en sachant qu’il est probable que nous n’arrivions pas à parcourir les 485 kilomètres. Nous avons alors noté les villes étapes où il nous sera possible de dormir. Nous partons confiants mais début encore une fois difficile. On peine à faire arrêter les voitures, on est obligé de changer d’endroits et donc de marcher sous un soleil de plomb. A force de persévérance, une voiture propose de nous amener jusqu’au péage où il sera plus facile de trouver une voiture selon lui. Nous acceptons, faute de mieux.
30 minutes au péage et enfin, une voiture nous emmène sur près de 200 kilomètres. Petit détail, il s’agit d’un utilitaire professionnel. Il y a seulement 3 places à l’avant et ils sont déjà deux. Laura prend alors place à l’avant tandis que François doit se contenter de l’arrière du véhicule, entre les sacs et les outils. On n’a pas dit qu’on voyageait en business ! Laura améliore son espagnol à l’avant tout en regardant les paysages et François attend que le temps passe allongé à l’arrière. Le couple cinquantenaire est si gentil qu’il nous invite à manger au restaurant. On peut dire qu’il s’agit d’une vraie rencontre, d’un vrai moment de partage. Un ceviche pêché du matin pour Laura, un poisson à la plancha pour François. Nous en profitons ! Cette rencontre restera longtemps dans nos mémoires.

On se quitte sur le bord de la route, nous continuons dans une autre direction. S’en suivront 2 poids lourds qui nous permettront d’arriver jusqu’à Calama, ville à une heure de San Pedro sans grand intérêt si ce n’est celui d’avoir des grands supermarchés. Un peu de fromage, du bon jambon et quelques tablettes de chocolat et nous sommes fin prêts pour continuer notre chemin.

Nous arrivons à San Pedro de Atacama en sachant que c’est un village touristique et que les prix sont élevés. 34000 pesos soit 45 euros pour une chambre de base vraiment sans charme et avec salle de bain partagée. Nous retrouvons les prix européens à notre plus grand désespoir. La ville est sympathique mais on y croise que des touristes, très peu de locaux ou alors ils sont là pour nous vendre des excursions. Nous souhaitons faire quelques visites comme la vallée de la Luna, les geysers El Tatio mais les prix nous font halluciner. Nous finirons par choisir le tour du Sud Lipez vers le Salar d’Uyuni en Bolivie ( pour lire l’article, c’est par ici ).
Pas de visite à San Pedro finalement, ici tout est vraiment trop cher. Nous n’avons qu’une envie, descendre vers le sud.


Un peu d’air autour de La Serena


1200 kilomètres nous séparent de la Serena depuis San Pedro. Nous avons déjà fait beaucoup d’heures de bus depuis que nous sommes au Chili et n’avons pas envie de faire le trajet d’une seule traite. Un premier bus nous amène alors à Copiapo en 10h. Le lendemain, un second bus nous emmène à La Serena en 5h.
Après toutes ces heures de bus et ces premiers arrêts plutôt décevants au Chili, nous prenons un peu de repos et organisons nos deux prochaines destinations.

François a toujours rêvé de voir des baleines. Le Chili est un des pays où l’on peut en voir et en ce moment, c’est justement la période où elles remontent le courant de Humboldt sur la côte chilienne. Frais comme des gardons et chargés comme des mules, cette nouvelle nous remet en selle pour découvrir le Chili. Direction Chanaral pour tenter d’approcher le plus grand mammifère au monde. Mais ne mettons pas la charrue avant les boeufs, l’endroit est très reculé, il faut prendre un petit bus local pendant 4 heures, 1h à vol d’oiseau. La route se transforme en chemin qui devient lui-même petit à petit une piste. Appelons un chat un chat, nous ne traversons plus des nids de poule mais une basse-cour, alternant dos d’âne et saut de puce. Pour chercher la petite bête, on est prêts à faire ça !

On se présente au port pour avoir des informations sur les excursions et sur la présence ou non des cétacés ces derniers jours. La veille, ils on été vus par plusieurs bateaux mais aujourd’hui, ils ne se sont pas montrés. On nous conseille de lézarder aujourd’hui et de venir le lendemain afin d’avoir plus de chance.

Le lendemain matin, la femme et le petit prince, partent avec le second bateau de la journée. Les baleines ont été aperçues un peu plus tôt, visiblement la journée est propice à les rencontrer. Nous embarquons pour 3h de navigation. A l’affût de la moindre nageoire à l’horizon, nous scrutons chaque mètre cube. Notre guide est à l’avant, elle cherche elle aussi. En 3 heures si on n’en voit pas, on n’a vraiment pas de chance, mais repérer une baleine dans l’océan c’est un peu comme chercher une aiguille dans… bref. Le temps passe, elle nous dit d’être patients, on garde confiance. Au bout de 2 heures, quand la guide commence à nous montrer les feuilles plastifiées des animaux, on désespère et on se dit qu’elle a perdu l’espoir de les trouver elle aussi. C’est comme si le prof nous donnait la réponse avant d’avoir trouver la solution, frustrant, humiliant. 

Le Nautilus se dirige vers la réserve nationale Pinguino de Humboldt. Ici, nous voyons des centaines de lions de mer, quelques pingouins au loin mais toujours pas de baleine. Le trajet retour vers le port nous fait espérer une dernière fois. Mais non, elles ne se montreront pas. De retour à l’hôtel nous espérons encore. Aujourd’hui encore en Nouvelle-Zélande, nous attendons… Deux jours consacrés pour finalement ne pas réussir à les voir, un cadeau d’anniversaire en mousse d’écume.

Nous reprenons le bus, comme des chiens battus… en se disant que le Chili ne nous aura pas vraiment gâtés. La région des vins et du Pisco a peut-être de meilleures choses à nous offrir. A défaut de nager dans le bonheur nous nous noierons dans l’alcool.

Vicuña est une petite ville située à une heure de La Serena. Un bus vous y emmène pour quelques euros. La ville est agréable, nous nous y sentons tout de suite bien. A la recherche d’un hébergement pour la nuit, nous tombons sur l’Hostal Michal. C’est l’endroit parfait pour passer quelques jours, des dortoirs de 4 très propres, un jardin avec plein de recoins sympas pour se poser et en prime le gérant nous convie à un barbecue pour le soir. Désolé pour les vegans qui nous lisent, mais quel bonheur de manger une bonne viande chaude et saignante après 5 mois de voyage et ce n’est pas Suarez qui nous dira le contraire.

Nous y rencontrons Phillipine et Julien, deux français en voyage depuis 14 mois. Échanges d’expériences, anecdotes et petits conseils. La soirée est très sympa, nous nous sentons enfin bien au Chili. 

Cette ville a deux attraits principaux : la dégustation de vin et de Pisco, alcool de la région avec les balades dans les vignes et l’observation des étoiles car le ciel est très pur ici. 

Jour de pleine lune, nous tirons un trait, à contrecœur, sur l’observation des étoiles. Nous consacrons alors notre journée du lendemain à la découverte de la région et des vignes en vélo avec le couple de français rencontré la veille. Nous mettons les vélos dans un bus qui nous emmène jusqu’à Pisco Elqui puis nous n’avons « plus qu’à » descendre en sa baladant pour découvrir la vallée Del Elqui. Sur le papier la visite est sympa, tu prends un bus pour monter tout en haut des montagnes et tu t’arrêtes de temps en temps pour picoler. Enfin, ça c’est la théorie car en pratique entre problèmes de vélo, grosse grosse chaleur, rafales de vent, pique-nique qui fuit dans le sac, route avec circulation et dégustation de Pisco qui ferme juste sous notre nez, c’était pas si idyllique que ça. Mais bon, pour se ramener on aura quand même consolé une vouteille de bin, produite dans la régionnn… vers le bas d’lamérique quoi, par là… Z’tait paas mal, enfin y a mieux, ouaai non sont forts quand même, c’est pas évident de construire du vin. 

Une journée off pour reposer nos jambes meurtries par les kilomètres à vélo et nous voilà en selle direction Santiago de Chili. Bus de nuit première classe s’il vous plaît !


Santiago


Nous arrivons à Santiago fatigués du Chili. Trop de transports, trop de privations, trop d’argent dépensé, trop de déceptions et finalement très peu d’activités qui nous ont conquis et trop peu de bons moments. Nous avons hâte de quitter ce pays mais allons quand même découvrir Santiago en attendant notre vol pour la Nouvelle-Zélande.

Avec ses 6 millions d’habitants, Santiago abrite à elle seule un tiers de la population chilienne. La ville est immense et la vie y est stressante à en croire un habitant de la ville rencontré quelques jours plus tôt à la Serena. On veut bien le croire. Finalement, c’est une capitale, rien de plus. 

Nous avons en partie visité le parc Cerro San Cristobal mais n’avons pas emprunté le téléphérique. Il permet d’avoir un beau panorama de la ville mais du haut de la terrasse de notre Airbnb, au 30ème étage, la vue était pas mal non plus. Nous nous sommes contentés de celle-là. Puis nous avons marché dans les rues à la découverte des tags et des petits coins sympas. Finalement, ce dont nous avons le plus profité à Santiago ce sont les centres commerciaux et le Patio Bellavista, quartier très sympa pour boire un verre et manger un bon restaurant.

Si vous voulez manger une bonne glace, petite adresse sympa, c’est Emporio La Rosa ! Il y en a plusieurs dans la ville, très agréable lors d’une balade sous la chaleur. Ne nous demandez pas l’intérêt du dressage, certains théoriciens affirment qu’au sud de l’équateur, les gens ont la tête en bas.

Bref, vous l’aurez compris le Chili n’a pas été notre coup de coeur. Avec le recul, nous pensons que nous aurions dû visiter le sud plutôt que le Nord. Les tarifs sont certes plus chers mais surtout les paysages merveilleux. Mais nous vous expliquerons ça dans notre récap qui arrive prochainement.

On a aimé :

Retrouver une certaine civilité
Faire les courses comme à la maison
Visiter les mines d’Humberstone
Les rencontres en faisant du stop
Le climat

On a moins aimé :

Les très longues distances
Le desert interminable et les routes un peu monotones
Le coût de la vie après le Pérou
Les villes toutes identiques dans la partie nord du pays
Le prix des activités à San Pedro de Atacama

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